En parallèle, l’inquiétude relative à l’émergence d’une intelligence aux capacités surpassant celle des hommes se renforce. Et les affirmations médiatisées de S.Hawking ou E.Musk alimentent une vision apocalyptique de l’IA en prônant l’intégration de principes éthiques. Le point de complexité se situe au cœur même de l’IA (la donnée). Celle-ci ne connait pas de périmètre géographique et son autorité morale et constitutionnelle est incarnée aujourd’hui par le DataScientist. Une réflexion sur la fonction attendue des IA, l’articulation entre l’Homme et les Machines ainsi que la maîtrise éthique et politique des objectifs vont devenir par conséquent un point central des stratégies d’entreprise ou des Etats.
La France et l’Europe se sont engagées sur la voie de la confiance.. Même si la confiance des Français reste encore faible vis-à-vis de l’IA, une approche plus encadrée, ainsi qu’une prise de conscience des enjeux sociétaux associés au sentiment de maitrise de l’utilisation des données personnelles permettra de renforcer l’adhésion de l’opinion publique.
Un projet d’IA est structuré environ autour de 15% d’effort sur les Algorithmes, 25% sur les données et la technologie et le reste, sur la conduite du changement, qui est donc prioritaire. Sur ce terrain, le secteur public réunit toutes les composantes pour être un moteur du développement maîtrisé de l’IA et cela pour au moins trois raisons. Premièrement, il dispose de données massives, qu’il peut partager et utiliser. Deuxièmement, il peut sécuriser l’accès aux données par les algorithmes et les encadrer. Enfin, la question de la confiance, du sujet éthique et politique peut être plus simple à résoudre dans le cadre de fonctions régaliennes.
De plus, les cas d’usages sont nombreux (aide à l’identification de problématiques citoyennes, amélioration du matching entre recruteurs et demandeurs d’emplois, exploitation et analyse des données de santé, gestion intelligente des territoires…). La notion de service public permet d’incarner une relation de complémentarité entre l’Homme et la machine ainsi qu’une définition plus sociétale des objectifs de l’IA. Aujourd’hui, la France doit déployer sa stratégie sur l’IA et le succès d’évènement comme « la Nuit de l’IA » montre que la dynamique est en marche. Mais au-delà du plan, il est fondamental que le Secteur Public joue son rôle d’acteur majeur en offrant un cadre bienveillant, rassurant et maîtrisé.
Sébastien Ensenat, vice president - innovation & transformation digitale secteur public, CGI