Menace terroriste, retour des djihadistes, organisation des services de renseignements, réponse de la justice… L’ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, auteur du livre Les Voies de la terreur (Fayard), sorti fin 2016, s’est entretenu avec les membres du Club des acteurs de la Sécurité intérieure, le 20 avril.
Il a exposé une réflexion stratégique sur l’état de la menace terroriste, invitant les politiques à ne pas se limiter à « uniquement réagir à des événements ». Retraçant « l’extraordinaire continuité dans l’idéologie et la stratégie des groupes terroristes dont les organisations, comme l’EI aujourd’hui, ne sont que le support événementiel », l’ancien juge a appelé de ses vœux une mutualisation de l’ensemble des moyens technologiques de renseignement français, sur le modèle du GCHQ (quartier général des communications du gouvernement) britannique. « La clé, c’est le renseignement pénitentiaire, qui doit être digne de ce nom, en fonctionnant en synergie avec l’ensemble des surveillants de prison », a-t-il estimé.
Également ancien haut représentant de l’Union européenne auprès des États-Unis pour la lutte contre le financement du terrorisme, Jean-Louis Bruguière a regretté que l’Union européenne n’ait pas encore su se doter d’une structure équivalente alors que se prépare déjà « Daech II » sur de nouveaux terrains, en Asie centrale et du Sud-Est, mais aussi en Afrique. « Il n’y aucune interopérabilité entre pays européens, ce qui fait qu’hors de France, par exemple, une fiche S n’a pas de valeur », a-t-il illustré.