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À l’Intérieur, les femmes ne veulent pas subir la contrainte des quotas

Créée en 2013, l’association Femmes de l’Intérieur poursuit son action pour faire en sorte que l’égalité professionnelle fasse partie intégrante des politiques publiques. 

Isabelle Guion de Méritens est présidente de l’association Femmes de l’Intérieur

Composée de femmes en responsabilité au sein de ministère de l’Intérieur dans toutes ses composantes, l’association Femmes de l’Intérieur fêtera son 10e anniversaire l’année prochaine. L’occasion de revenir sur l’évolution de l’égalité professionnelle dans un ministère traditionnellement composé d’une majorité d’hommes. 

Pour sa présidente Isabelle Guion de Méritens, générale de corps d’armée et inspectrice générale de l’administration, il est essentiel d’aller au-delà des quotas “et de la loi Sauvadet de 2012 en faveur de l’égalité professionnelle dans la fonction publique, ajoute-t-elle. Une loi qui a notamment introduit la notion de “nomination équilibrée”, mais dont on ne peut se satisfaire dans la mesure où ses modalités d’application génèrent, chez les cadres du ministère, femmes et hommes, tensions et frustrations.”

L’association s'est donc créée pour permettre aux femmes du ministère de s'entraider et de travailler les politiques d’égalité professionnelle en profondeur, plutôt que d’atteindre des objectifs quantitatifs au coup par coup. Pour y parvenir, Femmes de l’Intérieur mène des actions de deux types. “Nous organisons des colloques et tables rondes en interne à l’intention de nos adhérentes ou d’un public plus large pour sensibiliser sur les enjeux de l’égalité professionnelle dans le secteur public comme dans le privé avec l’ambition d’élargir les réflexions et les perspectives d’évolution, ajoute Isabelle Guion de Méritens. Nous travaillons également au profit des adhérentes pour développer leurs compétences, les aider à la préparation de concours.”

L’association est aussi à l’initiative de rencontres et petits-déjeuners d’information pour inciter les jeunes femmes à échanger sur leurs missions et éventuelles difficultés. Femmes de l’Intérieur s’emploie aussi à être force de propositions pour faire entrer la question de l’égalité professionnelle dans les politiques publiques. Équilibre vie pro-vie perso, dispositifs de mentorat, les champs d’actions sont nombreux. “L’association répond également aux sollicitations du ministère ou s’engage en remettant des propositions sur des sujets d’actualité, ainsi récemment, l’association a présenté à Marlène Schiappa les conclusions de travaux qu’elle avait menés à sa demande, sur la constitution d’un vivier de femmes au ministère”, illustre Isabelle Guion de Méritens. 

S’inspirer du secteur privé 

L’association trouve également sa force de frappe grâce à un important travail mené en réseau. Comme le précise sa présidente, Femmes de l’Intérieur mène une action concertée avec les réseaux féminins de la fonction publique pour proposer des amendements à certains projets de loi. “Femmes de l’Intérieur intervient aussi dans un cadre plus large, en concertation avec les réseaux féminins de la fonction publique, comme par exemple en proposant des amendements au projet de loi de transformation de la fonction publique en 2019 ou de la loi Rixain en 2021”, ajoute-t-elle.

L’association collabore aussi régulièrement avec le secteur privé et plus globalement autour de la gouvernance des femmes dans tous les cercles de décision. 
Au global, 61 réseaux publics et privés s’engagent au sein de l'association 2GAP sur les questions d’égalité professionnelle. “Un réseau qui nous donne la capacité de peser davantage aujourd’hui dans le dialogue”, constate Isabelle Guion de Méritens. Et quand on lui demande son analyse sur la progression de l’égalité professionnelle au sein du ministère de l’Intérieur au cours des dix dernières années, elle dépeint une situation contrastée. “Le ministère de l’Intérieur progresse vraiment sur toutes ces thématiques. De grandes avancées ont été réalisées. Je pense notamment à la double certification Afnor Égalité-Diversité obtenue en 2018”, se félicite Isabelle Guion de Méritens.

Par ailleurs, de plus en plus de femmes dans les différents corps des ministères occupent des postes à responsabilités. “Aujourd’hui, 3 femmes dirigent des établissements publics du ministère et 5 ou 6 femmes sont directrices d’administrations centrales.” S’il reste encore du chemin à parcourir, ce sont des efforts qu’il est important de souligner. Isabelle Guion de Méritens constate également que de grandes avancées ont été réalisées au niveau de la lutte contre les discriminations.

Pour autant, les actions du quotidien dans les politiques semblent avoir du mal à se construire dans la continuité. “Le ministère a tellement de sujets d’actualité à prendre en compte qu’il a du mal à relayer en permanence cet objectif d’égalité professionnelle, déplore-t-elle. Alors que l’égalité professionnelle devrait être présente dans toutes les politiques ; c'est aussi une question de responsabilité sociétale. La mixité et la diversité permettent davantage de créativité, de performance et d’innovation.”
 

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