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Philippe Laurent : “Il faudrait un mécanisme plus automatique de revalorisation des agents publics”

Dans cet entretien, le maire UDI de Sceaux et porte-parole de la Coordination des employeurs territoriaux revient sur les mesures salariales annoncées lundi par le gouvernement en faveur des agents publics et sur leurs conséquences pour les budgets des collectivités.

Hausse du point d’indice, attribution de points supplémentaires… Le gouvernement vient d’annoncer une série de mesures salariales pour les agents publics. Ce geste est-il à la hauteur des enjeux ? 
Ce geste salarial envers les agents publics était nécessaire. Certes, il n’est pas à la hauteur des attentes des agents et je peux le comprendre, au vu de l’inflation. Le vrai sujet, c’est celui de la formalisation et du dialogue sur ces questions salariales, qui sont encore insuffisants. On devrait avoir un système où l’on puisse discuter de manière permanente des salaires avec, peut-être, un mécanisme d’automaticité. Je ne dis pas qu’il faut indexer le point d’indice de la fonction publique sur l’inflation, mais on pourrait par exemple imaginer un mécanisme déclencheur de revalorisation dès lors que cette inflation franchit un certain niveau. 

Nous ne sommes bien entendu pas opposés à la hausse du point d’indice (…) mais encore faut-il qu’il y ait une forme de cohérence gouvernementale.

Ces mesures salariales vont néanmoins percuter les finances locales, notamment la nouvelle augmentation du point d’indice, qui coûtera au moins 500 millions d’euros aux collectivités en 2023…
La hausse du point d’indice va bien évidemment peser sur les budgets 2023 des collectivités, qui sont déjà votés. Nous aurions préféré que cette hausse intervienne plus tard ou qu’elle soit étalée. Soit, mais il faut surtout engager un véritable travail de fond sur les relations financières entre l’État et les collectivités. Nous ne sommes bien entendu pas opposés à la hausse du point d’indice, nos agents ne sont pas bien payés et nous ne souhaitons pas qu’ils soient miséreux, mais encore faut-il qu’il y ait une forme de cohérence gouvernementale. Nous avons, d’une part, un ministre de la Fonction publique qui annonce une revalorisation et de l’autre, les ministres qui appellent les collectivités à réduire leurs dépenses. Nous ne demandons pas de l’argent pour nous, nous ne sommes pas des entreprises qui réclament des allégements fiscaux, nous le demandons pour organiser le service public.

Réclamez-vous donc une compensation financière à l’État ? 
On ne doit pas parler comme ça, nous ne sommes pas des marchands de tapis… Je ne veux donc pas parler de compensation, même si ce sujet a été évoqué. L’enjeu, c’est la prise en compte du sujet des salaires dans une forme de cohérence globale de l’action publique, de son financement et du niveau de service public.

Le gouvernement a également annoncé la mise en place d’une prime de pouvoir d’achat de 800 euros maximum pour les agents gagnant moins de 3 250 euros par mois. Dans la fonction publique d’État et l’hospitalière, elle leur sera versée automatiquement, mais pour les agents territoriaux, elle dépendra du bon vouloir des élus locaux…
On ne peut pas dire que nous sommes contre cette prime, et on ne peut pas dire non plus que nous souhaitons son caractère obligatoire. On nous laisse le choix et une certaine forme de responsabilité sur l’octroi de cette prime, qui est une bonne idée. Cela risque néanmoins de creuser les inégalités entre les collectivités et entre les agents, ce qui est inhérent à la décentralisation, d’une certaine manière. Des collectivités en difficulté financière risquent de ne pas pouvoir verser la prime et malheureusement, les élus ne disposent quasiment plus de leviers fiscaux depuis la suppression de la taxe d’habitation. 

Propos recueillis par Bastien Scordia 

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