Comment parler modernisation de l’État, transformation numérique du secteur public, différenciation ou management public ? Comment faire campagne sur les enjeux d’action publique quand la situation internationale écrase tout le reste, que le président/candidat explique dans sa “Lettre aux Français” qu’il ne pourra pas mener campagne comme il l’aurait souhaité, que ses challengers n’en finissent plus d’hésiter sur le discours à adopter à un mois du premier tour au point d’en paraître résignés ?
Attention, a fort justement mis en garde cette semaine le président du Sénat Gérard Larcher : si le débat venait à être “escamoté”, alors celle ou celui qui sera élu aura un problème de légitimité.
Faire campagne, un enjeu démocratique
Bien sûr l’actualité internationale prime sur toute autre. Mais qui pourrait oublier ce que la crise sanitaire a révélé comme forces et comme dysfonctionnements de notre modèle d’action publique ? Comme engagement de nos agents et comme freins normatifs ? Comme capacité d’agilité et comme lourdeurs administratives ? Comme audace et comme incohérences organisationnelles ? Il y a urgence à accélérer la transformation publique.
Il y a urgence, aussi, a manager autrement fonctionnaires et agents publics, leur offrir de nouvelles trajectoires et perspectives professionnelles quand les quelque 5,7 millions de fonctionnaires et d’agents d’une fonction publique autrefois dite “de gauche” se tournent à 30% vers Marine Le Pen et Éric Zemmour – selon la première vague de notre baromètre Ifop-Acteurs publics – et cela quel soit le versant du secteur public, qu’il relève du régalien, des collectivités ou des hôpitaux publics.
Voilà bien une campagne singulière qui avant même d’avoir réellement démarré est déjà occultée par les tensions mondiales. C'est un enjeu démocratique : il faut, pourtant, faire campagne.
