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Du risque, pour un agent, de faire de la téléréalité pendant un arrêt maladie

Une candidate de L’amour est dans le pré vient d’être convoquée par son employeur (un maire) pour avoir participé à cette émission de M6 durant un arrêt maladie. Une histoire qui fait écho à la “jurisprudence Koh-Lanta”, relative au cas d’une fonctionnaire territoriale révoquée pour avoir participé à l’émission d’aventure de TF1… durant un arrêt maladie également.

Karine Le Marchand va-t-elle désormais devoir parler de jurisprudence et de droit de la fonction publique aux candidats et candidates de L’amour est dans le pré, l’émission qu’elle présente sur M6 ? Comme le rapporte La Charente libre, une candidate de la saison 2022 de ce programme de téléréalité vient en effet d’être convoquée par son employeur (un maire) pour avoir participé durant son arrêt maladie à cette émission qui permet à des agriculteurs célibataires de rencontrer l’âme sœur.

Affectée à la cantine d’une école après avoir distribué des repas à des personnes âgées, l’agente publique (dénommée Laurence) “aurait pu et dû être transparente”, relève son employeur, le maire de Saint-Yrieix-sur-Charente (Charente), Jean-Jacques Fournié. Dans les colonnes du quotidien régional, l’élu reconnaît néanmoins que la candidate n’était pas dans l’illégalité, des déplacements de courte durée étant possibles durant un arrêt maladie.

“Sentiment d’injustice”

Mais pour le maire, sa participation à l’émission de M6 “pourrait être considérée comme portant atteinte au fonctionnement interne des services” et “instaurer un sentiment d’injustice” pour les collègues de ladite Laurence, mécontents du surcoût de travail engendré par son absence. La prétendante réfute néanmoins avoir été rémunérée par M6 pour “trouver l’amour”.  

“Nous avons considéré que son comportement pouvait porter atteinte à l’image de la collectivité et de la fonction publique puisque des personnes âgées avec qui elle était en contact se sont étonnées qu’un agent en arrêt puisse participer à une émission de téléréalité”, ajoute Jean-Jacques Fournié dans La Charente libre. Ce dernier n’envisage cependant pas de sanctionner l’agente. Manière de calmer le jeu…

Un précédent sur Koh-Lanta

Cette histoire n’est pas sans rappeler celle d’une fonctionnaire territoriale qui avait elle aussi participé, en 2015, à une émission de téléréalité – Koh-Lanta, en l’occurrence – pendant un arrêt maladie. Ce qui lui avait valu une révocation. D’où la “jurisprudence Koh-Lanta” évoquée depuis lors. 

Dans la lignée d’un jugement rendu en juillet 2019 par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, la cour administrative d’appel de Lyon a en effet confirmé par 2 arrêts (l’un d’avril 2020 et l’autre de janvier 2022) la sanction disciplinaire prononcée à l’encontre de cette fonctionnaire de Clermont Auvergne Métropole pour avoir participé à l’émission d’aventure de TF1 sans en informer son employeur. Pendant son arrêt maladie, la fonctionnaire, qui exerçait des fonctions de maître-nageuse-sauveteuse, avait aussi participé à des compétitions sportives à l’étranger, toujours à l’insu de son employeur. Elle avait également dispensé des cours (rémunérés) de gymnastique sans autorisation de cumul d’activités de ce dernier. 

“Alors que ses collègues étaient sollicités au titre de son remplacement”, soulignait la Cour dans son arrêt de janvier dernier, sa participation “largement médiatisée” à des compétitions sportives et à l’émission Koh-Lanta,“relayée par affichage sur son lieu de travail”, a “entravé le bon fonctionnement du service”. Comment ? “En instaurant parmi les collègues (de cette fonctionnaire) un sentiment d’injustice (et) des difficultés managériales”, précisait la Cour.

La requérante s’est, depuis, pourvue en cassation contre sa révocation. Reste à savoir si sa sanction restera “irrévocable”, pour reprendre la phrase que le présentateur de Koh-Lanta, Denis Brogniart, a coutume de répéter à chaque élimination de candidat : “Les aventuriers de votre tribu ont décidé de vous éliminer et leur sentence est irrévocable.” 

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